La méthode Barsottistéphane
Mai/juin 2017 - Je commencerais par « je n’ai absolument rien vu venir » !
Le commencement du mal-être débute sur le dernier semestre 2016, suite à une série de départs de collaborateurs au sein de mon agence pour raisons financières et pression permanente des managers. Des mois de tensions sans personne pour partager la responsabilité de mes choix techniques ni les conséquences imprévues, des exigences clients qui devenaient de plus en plus indéchiffrables et un manque de reconnaissance sur le long terme… Je pense sincèrement que c’est le vrai déclencheur et que j’aurais supporté le reste (mais cette intuition est invérifiable).
L’entreprise régionale était à la manœuvre et pilotée par mon N+1 qui faisait la sourde oreille à mes protestations et revendications et sermonnait, encore aujourd’hui, les mots clés : Performance / Rentabilité / Marge
« Finalement je me suis dis que je devais être capable d’abattre cette masse de travail supplémentaire. J’ai alors commencé à sauter systématiquement la pause déjeuner, ne plus aller au sport, à travailler tard le soir, à repasser tard au bureau, à travailler plus de 14h par jours et continuer un rythme soutenu pendant mes congés (ce que je faisais déjà au préalable les années passées). »
J’étais devenu une autre personne, irritable avec mes proches et ne supportant plus rien. Entre mes RDV, j’avais des crises de larmes au volant et parfois même l’envie de tout arrêter. J’étais épuisé moralement et physiquement. La peur s’installe, peur de l’exprimer, honte de partager cette peine, le déni du mal-être c’est un secret d’honneur. J’ai encore l’image de cette scène en juin 2017 où j’annonce lors d’un CODIR cet épuisement, à cet instant « un blanc » quelques secondes plus tard la réunion reprenait son rythme sans donner suite à cette alerte…
Une épreuve qui m’oblige à lâcher des choses ancrées en moi depuis longtemps (comportements, habitudes, croyances…), qui me poussent dans une recherche de perfectionnisme permanente et me laisse croire que je suis responsable de tout. Elle va aussi m’autoriser à me considérer comme une pièce à part entière de l’échiquier famille/boulot/social, m’autorise à vivre pour moi afin de rayonner sur les autres et non vivre en attendant la reconnaissance des autres.
Il est là ! Le mot tant redouté qu’on ne voie pas arrivé, le burnout. J’ai compris et j’ai dû, avec l’aide de mon épouse, revoir la façon de m’organiser dans mon travail et combattre ce mal-être. Le travail fût long et difficile sans que l’entreprise ne s’en inquiète.
Nous avons donc dû :
- Rééquilibrer vie professionnelle et vie personnelle
- Identifier les symptômes
- Assumer les situations plutôt que de culpabiliser en permanence
- Réapprendre à se protéger du monde professionnel
- Réapprendre à se connaitre (remise en question, faire le point, les valeurs…)
1 an après, le deuil n’est toujours pas fait mais ma femme comprend qu’il est nécessaire de continuer le processus d’accompagnement avec un professionnel.
J’ai donc rencontré Stéphanie en mars 2018, Psychologue du travail et coach sport santé, qui présente un programme des bienfaits du bien-être physique et mental.
Fondamentalement, alors que je pensais qu’avec le temps tout pouvait s’améliorer, le mal-être persistait… Mais l’environnement au travail n’a pas changé, il a même évolué en mode rouleau compresseur !
Dans cette atmosphère professionnelle nuisible, je veux comprendre et je veux que cela s’arrête, j’accepte donc après quelques doutes de travailler avec Stéphanie qui me présente un programme de reconstruction à travers le sport intégrant la psychologie. La reprise du sport me motivait mais le fait d’échanger sur mes difficultés m’angoissait.
La première séance fut pénible physiquement mais très bénéfique moralement jusqu’à la dernière séance où l’angoisse d’arrêter était très présente.
Se réconcilier avec le sport a été la première étape du processus complétée par des échanges oraux ou « écoute, compréhension du mal-être, redonner confiance, apprendre à se reconstruire et surtout accepter le fait que ce n’est pas sans gravité et qu’il faut indéniablement être guidé ».
Le sport m’a permis de remonter en surface après avoir touché le fond. Accepter un corps épuisé, fatigué et sclérosé n’est pas si simple… De faire revivre le peu d’énergie physique qu’il me restait et surtout de pouvoir l’utiliser à bon escient. Ce qui à contribué à retrouver le gout, l’énergie et la force de repousser tous les côtés professionnels nuisibles au quotidien. Même si d’ordinaire ce monde continue à percer cette bulle « quiet » que l’on s’efforce de préserver.
Une fois à la surface, j’ai compris qu’il fallait atteindre la côte et que seul c’était impossible. Les séances d’écoute, de partage et d’expression m’ont apportées un bien-être fondamental à ma reconstruction physique mais surtout mentale.
Je revis, je respire, je deviens indulgent et patient avec moi-même. J’ai conscience que je rejoins la côte mais qu’il va falloir du temps pour me sécher avant de repartir sur d’autres horizons. J’ai pris le temps d’installer un nouveau rythme de vie dans lequel je ne me sens ni oppressé, ni débordé et cela devient essentiel.
Je me suis réconcilié avec moi-même, j’ai repris une activité physique (moyenne 3 heures de course par semaine) qui m’apaise et me fait ressentir les bienfaits du sport mixé avec des séances de partage et d’écoute avec ma coach et psychologue du travail sans aucune médication. J’ai conscience que le travail doit continuer pour atteindre l’issue de cet engrenage. Etre écouté, accompagné et compris semble capital mixé avec le sport semble primordial.